Chronique parue dans La Gazette de Montpellier le 22 décembre 2017
J’ai choisi il y a près de 2 ans de vivre dans une « tiny house ». Une micro-maison en bois, de 20 m2 au sol et une mezzanine de 20 m2 sous pente, bâtie sur une plateforme munie de roues, et entièrement équipée, munie d’espaces clairs pour chacun.
Ma décision reposait sur l’examen de mes priorités et de mes valeurs fondamentales : cohérence avec les ressources de la planète, autonomie, contact quotidien avec la nature, simplicité, grandir dans la relation à soi et à l’autre, cultiver la joie de vivre.
J’ai quitté la ville pour incarner ces essentiels.
Ma maison roule. Elle est parfaitement normée pour aller sur la route sans autorisation particulière. En même temps, cette mobilité n’est pas une composante ni un souhait de mon projet de vie. Elle me permet avant tout de prendre le temps de trouver une terre qui m’accueillera sur la durée. Et offre l’avantage conséquent de ne pas condamner de terre comme une construction classique. Cette occupation est entièrement réversible.
Les équipements reposent sur l’autonomie : électricité produite au moyen de panneaux solaires, des toilettes sèches (compostables) et l’usage parcimonieux de produits écologiques m’affranchissent de raccordements d’évacuation complexes et coûteux pour la collectivité.
En quittant mon grand appartement, j’ai procédé au plus grand et joyeux tri de ma vie. J’ai donné ou vendu plus des 2/3 de mes affaires.
Quand j’hésitais par peur de manquer, j’ai tranché quand je n’avais pas utilisé une chose depuis plus d’un an. Ou en ressentant la joie (ou pas) que j’avais d’avoir tel ou tel objet avec moi. Et en songeant aux emprunts respectifs et mutualisations que j’allais pouvoir mettre en œuvre avec mes amis.
J’ai trié avant de mettre en cartons, à nouveau en emballant, puis en défaisant mes cartons, à l’épreuve de la réalité, et encore régulièrement maintenant.
Je vis une grande clarté et une belle légèreté intérieures.
A l’aube d’un troisième hiver, je peux dire que je valide ce choix, que j’ai engagé en famille avec mes deux enfants (dont une pré-ado), et qui me comble au-delà de mes espoirs.
Cette maison, chaleureuse et tout confort dans un si petit espace, va de pair avec un horizon infini tout autour, la conscience que l’espace est bien là.
Cet habitat, dans lequel nous sommes en lien avec les sons et les odeurs de la terre, le soleil et l’eau, soutient l’être (plutôt que le faire ou l’avoir), la satisfaction, l’ancrage dans l’ici et le maintenant.
Nous creusons ainsi un canal vers une joie profonde.
*il existe de nombreux forums sur internet pour se relier aux groupes de personnes vivant ainsi ou en cheminement dans ce projet.
Il existe plusieurs fabricants répartis sur la France.